Être capable de soulever des montagnes pour obtenir ce qu'on veut, c'est beau, c'est très beau même... Mais de deux choses l'une, d'abord savoir ce qu'on veut et l'autre, ne pas laisser retomber les dîtes montagnes sur son prochain... Pour ma part, j'essaie depuis longtemps de ne pas penser à tout ça... Si ma musique peut être écoutée par des centaines (bon soyons modestes) des dizaines de milliers de personnes, c'est bien, très bien même... Mais avant tout, faire... de la musique, se réaliser, aller au bout de... Au final, il s'agit d'être entier, se mettre à nu, d'y aller et s'offrir du rêve... A Nantes, au cinéma le Katorza, un joli film "Un amour de jeunesse", promenade nocturne, les couples s'enlacent, des groupes d'amis sortent des cafés, un jeune garçon seul sur les marches de l'opéra, une odeur de pluie, un parfum d'été... Plus tard, la nuit dans le camion, à ressasser les dernières séances d'enregistrement, les dernières idées d'arrangements, le travail qu'il reste à faire... Créer à partir de rien... Tout ce dérisoire qui devient essentiel... Je ne peux m'empêcher de trouver ça beau... Inutile bien sûr et tellement inutile que ça en devient d'autant plus beau... J'attends toujours la chanson idéale, l'album idéal, le son idéal, le concert idéal, j'attends toujours que l'on parle de mes chansons comme je les vis, les sens, les imagine, j'attends toujours de l'effervescence autour de ma musique... Mais j'attends en avançant... Certes avec fébrilité, crainte, prudence mais aussi inconscience et folie douce... Un bon concert en Bretagne et me voilà reboosté pour juillet, donnez-moi des planches et un public, j'en ferai bon usage... En attendant, un magnéto et un bout de nuit, j'expérimente... En compagnie des monstres...